La grippe aviaire, cette maladie virale hautement contagieuse qui affecte principalement les oiseaux, vient de franchir une nouvelle barrière en Belgique. En effet, pour la première fois dans l’histoire sanitaire du pays, deux chats domestiques ont été contaminés par ce virus. Cet événement, bien que non exceptionnel au niveau mondial, soulève de nombreuses questions concernant la transmission inter-espèces de ce virus et les précautions à prendre pour protéger nos animaux de compagnie. Voyons en détail cette situation inédite, comprendre les mécanismes de transmission, les symptômes à surveiller chez vos animaux et les recommandations officielles pour limiter les risques d’infection.
La détection d’un foyer de grippe aviaire à Saint-Gilles-Waes
Chronologie et circonstances de la découverte
Le 18 février 2025, un événement sanitaire majeur a été signalé en Flandre orientale, plus précisément à Saint-Gilles-Waes. Les autorités belges ont confirmé la détection d’un foyer de grippe aviaire hautement pathogène dans un élevage de volailles local. Cette découverte s’inscrit dans le cadre de la surveillance régulière effectuée par l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) en collaboration avec Sciensano et le SPF Santé publique.
La particularité de ce cas réside dans le fait que l’infection ne s’est pas limitée aux volatiles de l’exploitation. En effet, deux chats d’extérieur appartenant au détenteur des volailles ont également été testés positifs au virus. Cette contamination féline constitue une première pour la Belgique, bien que des cas similaires aient déjà été documentés dans d’autres pays européens ( Pologne en 2023,France , Pays bas )
Impact immédiat sur l’exploitation et les animaux concernés
Suite à la détection du virus, des mesures strictes ont été immédiatement mises en place. Concernant les chats infectés, les conséquences ont été particulièrement graves : présentant des symptômes sévères de la maladie, les deux félins ont dû être euthanasiés pour des raisons sanitaires et de bien-être animal. Je précise que les autres chats présents sur la propriété sont actuellement en bonne santé et ne présentent aucun symptôme, ce qui suggère que la contamination n’a pas touché l’ensemble de la population féline du site.
Le mécanisme de transmission de la grippe aviaire aux mammifères
Comment les chats ont-ils été infectés ?
Selon les premières analyses des experts sanitaires, la contamination des chats s’est très probablement produite par voie alimentaire. Les félins auraient consommé des œufs contaminés provenant de l’élevage infecté ou auraient bu de l’eau contaminée par le virus. Cette hypothèse correspond aux observations déjà réalisées lors de précédentes contaminations de mammifères par la grippe aviaire.
Il est essentiel de comprendre que cette transmission inter-espèces n’est pas le résultat d’une mutation du virus permettant une propagation facile entre mammifères, mais plutôt la conséquence d’une exposition massive à une forte charge virale dans un contexte très spécifique.
Précédents cas de contamination de grippe aviaire chez les mammifères en Belgique
Bien que la contamination de chats domestiques constitue une première en Belgique, le pays a déjà connu par le passé des cas d’infection par la grippe aviaire chez d’autres espèces de mammifères. Les autorités sanitaires rapportent notamment des cas antérieurs chez :
- Des renards sauvages
- Des putois sauvages européens
- Des furets domestiques
Dans tous ces cas, le mode de contamination identifié était similaire à celui suspecté pour les chats : un contact étroit avec une forte charge virale, généralement par l’ingestion de carcasses d’oiseaux infectés ou d’œufs contaminés. Ces observations confirment que la barrière des espèces peut être franchie par le virus de la grippe aviaire dans certaines circonstances particulières, sans pour autant indiquer une adaptation du virus à une transmission efficace entre mammifères.
Les symptômes de la grippe aviaire chez les mammifères
Manifestations cliniques observées chez les chats infectés
Les deux chats contaminés à Saint-Gilles-Waes présentaient des symptômes graves, nécessitant leur euthanasie. Bien que le communiqué officiel ne détaille pas l’ensemble des manifestations cliniques observées chez ces animaux spécifiques, les symptômes typiques de la grippe aviaire chez les félins comprennent généralement :
- Une forte fièvre
- Des inflammations oculaires et des yeux rouges
- Des écoulements nasaux
- Des symptômes neurologiques divers (tremblements, incoordination, convulsions)
- Une détresse respiratoire
- Une léthargie prononcée
- Une perte d’appétit soudaine
La gravité de ces symptômes peut varier considérablement selon la souche virale impliquée, la charge virale ingérée, et l’état de santé préalable de l’animal. Dans le cas présent, la forme hautement pathogène du virus a conduit à une manifestation sévère de la maladie.
Période d’incubation et délai d’apparition des symptômes
D’après les recommandations émises par l’AFSCA, les symptômes apparaissent généralement dans la semaine qui suit l’exposition à un oiseau potentiellement infecté. Cette période d’incubation relativement courte permet d’établir un lien causal assez direct entre l’exposition au virus et l’apparition des signes cliniques.
Il est crucial pour les propriétaires d’animaux de compagnie de surveiller attentivement leurs animaux durant cette période si un contact avec des oiseaux potentiellement infectés est suspecté.
Les recommandations des autorités sanitaires
Mesures préventives pour protéger vos animaux domestiques de la grippe aviaire
Face à cette situation inédite, l’AFSCA a émis plusieurs recommandations claires destinées aux propriétaires d’animaux domestiques pour limiter les risques de contamination :
- Rester vigilant concernant les carcasses d’oiseaux : Méfiez-vous des oiseaux ou volailles morts que vous pourriez trouver dans votre jardin.
- Protéger les chats d’extérieur : Veillez à ce que vos chats n’entrent pas en contact avec des carcasses d’oiseaux potentiellement infectés.
- Contrôler les chiens lors des promenades : Tenez vos chiens en laisse lors des sorties afin d’éviter tout contact avec des oiseaux sauvages malades ou morts.
- Cuire la viande de volaille : Si vous nourrissez votre animal avec de la viande de volaille, assurez-vous qu’elle soit parfaitement cuite, car la viande crue peut contenir divers agents pathogènes, dont le virus de la grippe aviaire.
Ces mesures simples mais efficaces permettent de réduire considérablement le risque d’exposition de vos animaux de compagnie au virus.
Que faire si vous suspectez une infection ?
Si votre animal domestique présente des symptômes suspects dans la semaine suivant un contact potentiel avec un oiseau infecté, les autorités sanitaires recommandent de :
- Contacter rapidement votre vétérinaire : Sans attendre l’aggravation des symptômes, consultez un professionnel qui pourra évaluer la situation et prendre les mesures appropriées.
- Limiter les contacts : Isolez autant que possible l’animal malade des autres animaux du foyer pour éviter toute propagation potentielle.
- Respecter les consignes d’hygiène : Lavez-vous soigneusement les mains après tout contact avec l’animal suspect et désinfectez les surfaces avec lesquelles il a été en contact.
- Suivre les directives vétérinaires : Respectez scrupuleusement les recommandations et le traitement prescrit par votre vétérinaire.
Une détection précoce et une prise en charge rapide peuvent significativement améliorer le pronostic pour l’animal concerné.
La grippe aviaire : comprendre cette maladie virale
Caractéristiques et pathogénicité du virus
La grippe aviaire est causée par des virus influenza de type A, principalement des sous-types H5 et H7, qui peuvent être classés en deux catégories selon leur virulence :
- Faiblement pathogènes : Provoquant généralement peu ou pas de symptômes chez les oiseaux infectés.
- Hautement pathogènes : Causant une maladie grave et souvent mortelle chez les oiseaux, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 100% dans certaines espèces aviaires.
Dans le cas du foyer détecté à Saint-Gilles-Waes, il s’agit d’une souche hautement pathogène, ce qui explique la gravité des symptômes observés chez les chats infectés.
Modes de transmission et facteurs de risque
Le virus de la grippe aviaire se propage principalement par :
- Contact direct avec des animaux malades ou leurs sécrétions (salive, sécrétions nasales, fèces)
- Contact avec du matériel contaminé comme du fumier ou des cages souillées
- Ingestion d’eau ou de nourriture contaminée
- Inhalation de particules virales aérosolisées
La contamination des mammifères, comme dans le cas des chats de Saint-Gilles-Waes, se produit généralement par ingestion de matériel fortement contaminé (œufs, carcasses, eau) et nécessite habituellement une exposition à une charge virale importante.
Le risque pour la santé humaine
Évaluation du potentiel zoonotique
Selon les informations communiquées par les autorités sanitaires belges, la contamination de l’Homme par le virus de la grippe aviaire reste exceptionnelle. Jusqu’à présent, seuls des cas isolés de transmission de l’oiseau à l’Homme ont été documentés au niveau mondial, généralement suite à des contacts prolongés et étroits avec des oiseaux infectés. Entre janvier 2022 et juin 2024, 29 cas humains sporadiques de A(H5N1) ont été signalés dans neuf pays, dont 15 cas de maladie grave ou critique avec sept décès, six cas de maladie légère et huit cas asymptomatiques.
En février 2025, aux USA, le CDC a confirmé trois cas humains de grippe aviaire H5 chez des personnes tombées malades en 2025: un travailleur laitier exposé à des vaches laitières infectées (Nevada), un travailleur avicole exposé à des volailles commerciales infectées (Ohio), et le propriétaire d’un élevage de volailles de basse-cour infecté (Wyoming
Un élément particulièrement rassurant est qu’aucune transmission du virus d’Homme à Homme n’a été observée dans le monde, ce qui limite considérablement le potentiel pandémique de ce virus dans sa forme actuelle.
Précautions recommandées pour la population
Bien que le risque pour l’Homme soit considéré comme faible, certaines précautions élémentaires sont recommandées :
- Ne pas manipuler les oiseaux morts ou malades à mains nues : Utilisez toujours des gants ou un sac plastique retourné pour manipuler une carcasse suspecte.
- Signaler les oiseaux morts : Si vous découvrez un oiseau mort dans la nature, contactez immédiatement le numéro gratuit 0800/99 777 mis en place par les autorités belges. L’animal pourra être collecté et analysé pour déterminer la cause de son décès.
- Respecter les règles d’hygiène basiques : Lavez-vous soigneusement les mains après tout contact avec des animaux, particulièrement des oiseaux.
- Cuire correctement les volailles : Assurez-vous que la viande de volaille destinée à la consommation humaine soit parfaitement cuite (température à cœur d’au moins 70°C).
Ces mesures simples permettent de réduire encore davantage un risque déjà considéré comme faible.
La mobilisation des autorités face à cette situation de grippe aviaire
Coordination interinstitutionnelle
Face à cette situation inédite, les autorités belges ont mis en place une réponse coordonnée impliquant plusieurs institutions :
- L’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) : En charge de la surveillance des élevages et de l’émission des recommandations pour le public.
- Sciensano : L’institut belge de santé qui assure le diagnostic et la caractérisation des souches virales.
- Le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement : Qui supervise l’aspect santé publique de la crise.
Cette approche multi-institutionnelle garantit une gestion globale et cohérente de la situation.
Déclaration officielle du Vice-premier ministre
David Clarinval, Vice-premier ministre et ministre de l’Emploi, de l’Économie et de l’Agriculture, a réagi officiellement à cette situation en déclarant : « Je prends les foyers de grippe aviaire en Belgique au sérieux. C’est la première fois que des chats sont également touchés dans notre pays. Nos experts suivent de près la situation afin d’évaluer tout risque potentiel. »
Il a également souligné l’importance de la vigilance pour tous les acteurs concernés : « Nous invitons les propriétaires d’animaux, les éleveurs et les vétérinaires à rester vigilants et à suivre les mesures de sécurité recommandées. La santé publique et le bien-être des animaux restent notre priorité absolue, et nous continuerons à travailler avec les autorités sanitaires nationales et internationales pour contenir le virus et protéger au mieux nos animaux et nos concitoyens. »
Cette déclaration souligne l’engagement des autorités à suivre l’évolution de la situation et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tant la santé animale que la santé publique.
Surveillance et perspectives
Dispositif de veille sanitaire face à cette alerte de grippe aviaire
Suite à la détection de ce foyer et à la contamination inédite de chats domestiques, un dispositif renforcé de surveillance a été mis en place. Ce système inclut :
- Une surveillance accrue des élevages avicoles dans la région concernée
- Un suivi vétérinaire des autres animaux potentiellement exposés
- Une vigilance particulière concernant les cas cliniques suspects chez les mammifères domestiques
- La collecte et l’analyse des oiseaux sauvages trouvés morts
Ce dispositif vise à détecter rapidement toute propagation du virus et à contenir efficacement sa diffusion.
Évolution possible de la situation
Bien que chaque foyer de grippe aviaire soit pris très au sérieux par les autorités sanitaires, plusieurs éléments permettent d’envisager la situation avec une certaine sérénité :
- Les cas de contamination de mammifères restent isolés et nécessitent des conditions très particulières (forte exposition virale).
- Aucune adaptation du virus permettant une transmission efficace entre mammifères n’a été détectée.
- Le dispositif de surveillance et de contrôle mis en place en Belgique a démontré son efficacité lors de précédents foyers.
- Les mesures de biosécurité recommandées aux éleveurs et au grand public constituent des barrières efficaces contre la propagation du virus.
Néanmoins, la vigilance reste de mise et l’évolution de la situation sera suivie avec attention par les experts belges et internationaux.
La détection de grippe aviaire chez deux chats en Belgique constitue un événement sanitaire notable qui, s’il n’est pas totalement exceptionnel au niveau mondial, représente une première pour le pays. Cette situation rappelle la nécessité d’une vigilance constante face aux maladies infectieuses émergentes et à leur capacité à franchir occasionnellement la barrière des espèces.
Les autorités belges ont réagi promptement en mettant en place les mesures appropriées et en communiquant clairement sur les risques et les précautions à prendre. Si le risque pour la santé humaine reste très limité, cette situation souligne l’importance d’une approche « One Health » qui reconnaît les interconnexions entre la santé animale, humaine et environnementale.
Pour les propriétaires d’animaux domestiques, le respect des recommandations émises par l’AFSCA permet de protéger efficacement leurs compagnons tout en contribuant à limiter la propagation du virus. La vigilance collective et le respect des consignes sanitaires restent les meilleurs remparts contre cette maladie virale.
Voici en résumé mes conseils vétérinaires pour protéger vos animaux de compagnie en cas de foyer de grippe aviaire :
- Surveillance des symptômes : Être attentif aux signes comme une forte fièvre, une inflammation oculaire, des yeux rouges, un écoulement nasal ou des symptômes nerveux chez votre animal dans la semaine suivant un contact potentiel avec un oiseau infecté.
- Alimentation sécurisée : Toujours bien cuire la viande de volaille destinée à vos animaux domestiques, car la viande crue peut être contaminée par divers agents pathogènes, dont le virus de la grippe aviaire.
- Limitation des contacts à risque :
- Empêcher les chats d’entrer en contact avec des carcasses d’oiseaux morts
- Tenir les chiens en laisse lors des promenades pour éviter tout contact avec des oiseaux sauvages malades ou morts
- Action rapide en cas de suspicion : Contacter immédiatement votre vétérinaire si votre animal présente des symptômes suspects après un contact potentiel avec un oiseau infecté.
- Isolement des animaux malades : En cas de suspicion, isoler l’animal malade des autres animaux du foyer pour éviter toute propagation potentielle.
- Respect des mesures d’hygiène : Se laver soigneusement les mains après tout contact avec un animal suspect et désinfecter les surfaces avec lesquelles il a été en contact.
- Suivi des directives vétérinaires : Respecter scrupuleusement les recommandations et le traitement prescrit par votre vétérinaire en cas d’infection suspectée.
Ces conseils vétérinaires sont essentiels pour protéger efficacement vos animaux domestiques contre la grippe aviaire, particulièrement dans les zones où des foyers ont été détectés.